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La musique pour la santé

Depuis l'Antiquité, l'humain constate l'effet bénéfique de la musique sur la santé. Au VIe siècle av. J.-C., Pythagore découvre que les objets qui vibrent dans des rapports numériques simples produisent des sons harmonieux ensemble. À partir de là, il postule que l'écoute de différents modes musicaux a des effets différents sur la santé. L'intérêt pour l'impact de la musique sur la santé s'est poursuivi au fil des siècles.

 

Tous reconnaissent que la musique est une expérience fondamentalement humaine. Très peu en connaissent la science. Dès la naissance, le bébé préfère entendre la voix de sa mère chantée que parlée. A l'autre extrémité de la vie, même aux stades ultimes de la maladie d'Alzheimer alors que le patient ne sait plus parler, la musique parvient encore à réveiller sa mémoire et les émotions associées aux événements du passé. D'où vient cet extraordinaire pouvoir de la musique? Depuis quelques années, on est passé d’une pensée magique à un vrai savoir scientifique sur les bienfaits de la musique sur la santé.

 

La pratique musicale renforce la plasticité cérébrale. L’écoute musicale mobilise de nombreuses régions du cerveau, généralement impliquées dans les émotions, la cognition, la perception et le mouvement. La musique optimise la synchronisation entre les réseaux de neurones cérébraux. Cet aspect rythmique de l’activité cérébrale permet ainsi une meilleure communication et anticipation de l’information. La pratique musicale est une expérience multi-sensorielle, avec une capacité unique à renforcer les connexions entre les régions du cerveau qui perçoivent, planifient et dirigent l’action.

 

L’écoute et l’activité musicale stimulent les circuits de la récompense. Elles modifient les processus biochimiques du cerveau. La recherche a pu démontrer récemment le lien entre le plaisir suscité par la musique et la libération de dopamine, un neurotransmetteur à l’origine du plaisir dans le cerveau. Ces effets de la musique peuvent être liés au pouvoir émotionnel de la musique qui stimule et active les zones de récompense du cerveau situées dans le système limbique, dont le noyau accumbens. C'est le même système qui intervient dans la quête d’euphorisants biologiquement importants, comme la nourriture et l’activité sexuelle. C’est donc révélateur que la musique, un langage relativement abstrait, puisse activer les mêmes zones du cerveau.

 

La musique est une source de plaisir inégalable. Elle demande peu d’effort à l’auditeur, n’a aucun effet secondaire et est accessible à tous. La recherche récente montre que la musique est une médecine douce, qui peut réduire la douleur ressentie et diminuer la réponse au stress, en modérant la sécrétion de cortisol, l’hormone du stress.

 

La musique est un vecteur de cohésion sociale. Elle rassemble les gens dans une multitude de situations sociales. Elle adoucit réellement les mœurs au sens où elle fabrique du lien social. Par exemple, la synchronisation des mouvements dans la danse et le chant choral augmente la confiance et la coopération entre individus, et ce dès l’âge de 2 ans! Le chant choral et la danse diminuent aussi la sensation de douleur, probablement sous l’effet des endorphines.  Le langage n’offre pas de telles avantages car il demande qu’un seul individu s’exprime à la fois. En ce sens, le langage est la musique de l'individu et la musique, le langage de l'humanité.

 

Le vieillissement de la population et l'augmentation de l'espérance de vie font qu’il est essentiel de maintenir les aînés engagés. Or l’apprentissage de la musique agit comme un antirouille pour le cerveau, un peu comme si on remettait de l’huile dans le moteur. La recherche montre que les aînés qui apprennent sur la tard à jouer du piano ont une meilleure réserve cognitive, avec une attention plus soutenue et une meilleure acuité dans le bruit. A titre préventif, la musique agit non seulement sur l’individu mais sur son intégration sociale, diminuant ainsi le coût des soins de santé.

 

Le chant peut aider l’aphasique à récupérer la parole, la musique rythmée faciliter la marche des personnes atteintes de la maladie de Parkinson, et les chansons, raviver la mémoire des patients atteints de la maladie d’Alzheimer. Les concerts donnés en milieu de santé, ou même la simple écoute de musique familière, améliore le bien-être des patients et le mieux-être du personnel soignant. Il n’est donc pas étonnant que le public soit si avide de musique.

 

Les bienfaits des interventions musicales ne touchent pas que l’adulte malade. Très tôt dans la vie,  la musicothérapie facilite la communication des enfants atteints du spectre de l’autisme. L’activité rythmée facilite la lecture chez l’enfant dyslexique et l’élocution du bègue. Le champ d’applications des interventions musicales ne cesse de croître et les preuves scientifiques, de se multiplier. La simple écoute de la musique est suffisante pour améliorer l’humeur et le système immunitaire. Notez que ces approches par la musique sont souvent efficaces et peu coûteuses. La musique peut réduire considérablement le recours à l’aide chimique.

 

La science a consolidé ce qui fut pendant longtemps une intuition flirtant avec la pensée magique, en une véritable connaissance qui a des implications précises pour l'éducation et la santé. La science montre bien que la musique est bonne pour la santé, définie par l’Organisation mondiale de la santé comme un état de bien-être physique, mental et social.

 

Tout le monde s'enrichit de la musique, de Bach aux Beatles. Les musiciens qui créent cette musique contribuent grandement à la santé et à la société et constituent une précieuse ressource en capital humain. Développer ce capital humain peut améliorer la prospérité à long terme de notre société.

 

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